LA PIEL QUE HABITO (2011) La peau que j'habite - Cinemaniacs.be
LA PIEL QUE HABITO La peau que j'habite
Depuis que sa femme a été victime de brûlures dans un accident de voiture, le docteur Robert Ledgard, éminent chirurgien esthétique, se consacre à la création d’une nouvelle peau grâce à laquelle il aurait pu la sauver. Douze ans après le drame, il réussit à cultiver une peau qui est une véritable cuirasse contre toute agression. Outre les années de recherche et d’expérimentation, il faut aussi à Robert un cobaye, un complice et une absence totale de scrupules. Les scrupules ne l’ont jamais étouffé. Marilia, la femme qui s’est occupée de Robert depuis le jour où il est né, est la plus fidèle des complices. Quant au cobaye...
Présenté au dernier Festival de Cannes, le film d’Almodovar, à mi-chemin du polar et du fantastique, déçoit. Toutes les obsessions qui nourrissent ses films précédents sont pourtant bien présentes mais elles sont plus l’objet d’un recyclage habile que le terreau d’émotions renouvelées. Le réalisateur espagnol est le maître des scénarios emberlificotés et l’on a généralement plaisir à s’y perdre, mais cette fois, les méandres ressemblent plutôt à des culs de sac, et le vertige et ses plaisirs font place à l’embarras et à l’ennui : on rechigne et on peine à suivre. Mais peut-être que la déception est trop facilement à la mesure de l’attente qu’un film d’Almodovar suscite ? Et qu’il est possible de le voir comme une série B réalisée avec plus de savoir-faire que de talent ? S’il s’agissait d’un hommage reconnaissant aux maîtres du frisson, des identités sexuelles incertaines, de la vengeance et de l’expiation, de l’amour fou du savant fou pour sa créature ? Franju(Les Yeux sans Visage), Whale(Frankenstein), Hitchcock, les références ne manquent pas. Dans ce cadre d’un film de genre, peu importerait que le personnage du chirurgien esthétique joué par A.Banderas soit purement archétypique, sans vraisemblance sociale, sans épaisseur psychologique. Il faut alors accepter que le bonheur du réalisateur a été de jouer avec les stéréotypes, qu’il s’est diverti à l’accomplissement d’une œuvre mineure (à son échelle). Après tout, le spectateur a-t-il le droit d’être plus exigeant que le cinéaste lui-même ? Almodovar est une fois de plus rentré bredouille du Festival de Cannes. Pour cette fois, il n’y a pas de quoi crier au scandale. Même s’il n’y a pas non plus de quoi jouer les flingueurs.