POMEGRANATES & MYRRH (2011)

Un proverbe arabe affirme qu’il y a dans chaque grenade une graine qui vient du paradis. Gageons qu’il illustre l’optimisme qui souffle à travers le beau film de la réalisatrice palestinienne Najwa Najjar. Dans un scénario qui n’est pas sans rappeler celui des Citronniers, ce sont ici des colons qui tentent de s’emparer des terres d’une famille de Ramallah. Avec force et dignité, celle-ci résiste par les moyens improbables de la loi de l’occupant israélien. La réalisatrice évite d’appuyer le trait et la charge, renonce au manichéisme de la lutte de l’opprimé et de l’oppresseur, du bien contre le mal. Les colons sont réduits à quelques silhouettes lointaines, menaçantes il est vrai, et les soldats ne sont guère plus que des jeunes gens d’autant plus agressifs qu’ils sont apeurés. Le film prend une dimension plus originale et audacieuse lorsqu’il décrit pour Kamar, la jeune épouse d’un palestinien emprisonné, un double enfermement, l’occupation et les tabous sociaux de sa propre communauté. Voilà la jeune femme déchirée, hésitante, quelle voie choisir ? La fidélité à une famille qui exige d’elle qu’elle fige sa vie dans les coutumes ancestrales ? La fidélité à ses rêves d’émancipation et de liberté symbolisée par sa passion pour la danse et un amour naissant pour le chorégraphe revenu au pays pour retrouver ses racines et tenter de venir en aide aux siens ? La transgression est proche, la fin ne permet pas d’affirmer qu’elle est accomplie, mais cette fin est tout de même une promesse .Peut-être Kamar a-t-elle trouvé la graine miraculeuse de la grenade ? Le film a la saveur de la simplicité, son optimisme n’a rien de niais. Même si son chemin est étroit, Kamar s’empare de sa vie et il deviendra bien difficile de l’en déposséder.