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PLAY (2011) - Cinemaniacs.be
PLAY


Play est une analyse fine inspiré de cas réels. Entre 2006 et 2008, en plein centre ville de Göteborg en Suède, un groupe de garçons âgés de douze à quatorze ans racketta d’autres enfants à plus de quarante reprises. Par le biais d’un savant jeu de rôles qui reposait sur l’usage d’une rhétorique de gang, les voleurs avaient mis au point une stratégie élaborée connue sous le nom de « coup du petit frère », n’impliquant aucune violence physique.



Le film de Ruben Östlund a suscité en Suède controverses et polémiques. Pour les uns, le racisme et la xénophobie y sont patents ; pour les autres au contraire, la mise en évidence des dérives de la société suédoise en fait une œuvre salutaire de dénonciation. Loin du pays où se passe l’action (la ville de Göteborg est au centre de ce fait-divers réel), le film frappe par son ambiguïté et son absence délibérée de point de vue. Ce qui étonne, dérange et peut même choquer. On est sidéré par le sens de la manipulation des jeunes racketteurs (des Noirs issus de l’immigration), aussi soucieux de dominer et d’humilier que de voler. Les longs plans-séquences nous donnent à voir et à entendre quasiment en temps réel chaque étape de cette prise de pouvoir sur 3 enfants (des Blancs) étrangement passifs et qui deviennent des victimes consentantes. Malaise, passe de temps à autre une étrange complicité, comme si victimes et bourreaux se rapprochaient par ne plus faire qu’une même bande de copains. Le film prend le temps d’observer les relations entre les membres de chaque groupe, de même que les moments de cette étrange solidarité qui parfois semble se construire entre les groupes pour se dissiper dans la peur d’un côté et le plaisir pervers de dominer de l’autre. Peut-on affirmer qu’une communauté est ainsi stigmatisée ? Ce serait oublier certaines situations, et notamment celle où les pères des jeunes victimes se transforment à leur tour en racketteurs et se prennent au jeu de la domination sur l’un des bourreaux de leurs enfants. C’est peut-être une des constantes du film, chacun, dans son rôle, principal ou secondaire, joue(le titre !) avec les stéréotypes que l’autre lui prête, et cherche à les utiliser à son avantage, consciemment ou non. Aucune communauté ne sort à son avantage de ce fait-divers, le regard du réalisateur se portant plus sur des réactions et des comportements individuels, infléchis par des appartenances au groupe. Ni stigmatisation, ni victimisation. Parfois, le regard est caustique, et le conformisme de la société suédoise, sa peur du désordre, de ce qui est hors cadre et hors norme, est sérieusement égratigné. Ainsi cette scène dans le train, d’un comique absurde, qui révèle une aspiration au retour apaisant de ce qui doit être. Même si le berceau litigieux prend finalement un sens symbolique assez ambigu (La suite à l’écran).Au total, un film qui suscite beaucoup de questions, le réalisateur se gardant bien d’y répondre. Au spectateur de décider s’il a envie d’entrer dans la controverse et de supporter certaines ambiguïtés. Il devra de toute façon s’armer de patience car le film, plans-séquences obligent, est long et on voit parfois le temps passer.

Jean-Pierre Sculier









2011
1h58


Realisateur

Ruben
Östlund




Acteur

Kevin
Vaz



Yannick
Diakité



Anas
Abdirahman



Date de Sortie

Belgique
18/04/2012
DVD
28/08/2012

Distributeur

Lumière

Distributeur dvd/Blu-Ray/VOD

Lumière