COMME UN HOMME

L’atmosphère est parfois étrange, languissante comme les eaux du marais, lequel joue un rôle essentiel dans le film, lieu déclencheur tout à la fois de la catastrophe et de la délivrance du jeune Louis. Lieu de l’enfermement mais aussi de la libération de cette fatalité qui semble coller à la peau du jeune homme depuis le décès accidentel de sa mère. Ce film noir sonde les engrenages mystérieux d’un destin qui semble le vouer à la solitude et à la révolte sans espoir. C’est que vivre avec la culpabilité d’avoir survécu à sa mère, auprès d’un père lui-même enfermé dans son chagrin et sa solitude, rend la vie quotidienne difficile et amère. L’ami cher entre tous, Greg, joue ici le rôle de l’instrument du destin, sa mort fera tout basculer, vers le pire d’abord, l’éclaircie ensuite. Safy Nebbou se garde bien de juger ses personnages, Charles Berling(le père) et Emile Berling(le fils) leur donnent beaucoup d’intensité, ils s’affrontent, parfois durement, et se retrouvent dans une fin qu’on n’osera tout de même pas dire heureuse.Gardons-nous de moraliser, mais l’absence d’empathie pour Camille, la jeune femme kidnappée, séquestrée, humiliée, à demi violentée, est bien étrange. Bizarre, paradoxal, choquant. Comme si la reconstruction du père et du fils exigeait une victime, un sacrifice. Car y aura-t-il une reconstruction pour elle ? Film austère, enveloppé de silences et de douleurs, imparfait dans ses lenteurs et ses répétitions, mais qui mérite d’échapper à l’indifférence léthargique de l’été, pluvieux ou non.