TO ROME WITH LOVE

Rome, ville ouverte, celle du grand cinéma des années 50/60, celui des Fellini, De Sica, Antonioni. Il fallait bien que Woody Allen- le New-yorkais lui rende hommage un jour. Ce jour est arrivé. Le film est savoureux, même s’il ne surprend pas. De ville emblématique en ville emblématique (Londres, Barcelone, Paris, aujourd’hui Rome), W.Allen décline son attachement à la vieille Europe. Espérons que son périple ne s’arrête pas à la Ville éternelle, il reste encore bien des villes à sonder les mystères, prêtes à accueillir des intrigues amoureuses toujours plus compliquées, des touristes américains sympas, francs du bonnet mais volontiers donneurs de leçons et toujours un peu benêts. A Rome, les stéréotypes des uns et des autres sont gentiment moqués, le ton est d’un bout à l’autre celui de la comédie. Parfois, il devient plus grinçant pour caricaturer- mais sommes-nous si loin de la réalité ?- la télévision berlusconienne et son crétinisme au quotidien, et revoici Roberto Benigni dans un rôle à sa démesure. Woody connaît ses classiques, il fallait dans ces aventures romaines une prostituée au grand cœur, et voilà Pénélope Cruz italianisée au grand plaisir de tous !Pour cette fois, il s’est réservé un personnage jumeau de celui auquel il nous a habitués, névrosé, obsédé par le vieillissement et la mort, un peu lâche, un peu(beaucoup) opportuniste, tyrannisé par une épouse qui n’a plus aucune illusion à son sujet et qui ne se prive pas de le lui faire savoir. Les échanges sont vifs, les répliques souvent drôles. Et le badinage amoureux, sans atteindre des sommets de cynisme, trahit une fois de plus la grande confusion des sentiments où s’entremêlent sincérité, versatilité et mensonge. W.Allen nous le redit, l’amour est une des plus jolies composantes de la comédie humaine, qu’il a tant de plaisir à montrer, à chaque fois un peu différente selon le temps et le lieu, mais fondamentalement toujours la même. Et, une fois de plus, il nous propose d’en rire. Proposition acceptée.