A SIMPLE LIFE

Il est des films dont on n’aimerait dire que du bien. Parce que le sujet est chargé d’émotions et de vérités humaines. Parce que les comédiens se sont remarquablement mis au service de leurs personnages. Pour d’autres raisons encore… Prenons l’exemple du film de la réalisatrice chinoise (Hong Kong) Ann Hui. Les désastres du vieillissement, la solitude, l’affection au-delà des barrières générationnelles, difficile a priori de rester insensible à ce qui nous attend et nous touche tous. Sujets difficiles, peu propices à l’ingestion de pop-corn, mais portés par 2 acteurs ( Deanie Up, prix d’interprétation à Venise, et la star dans son pays, Andy Lau) qui explorent le registre de la tendresse avec une grande pudeur. Mais voilà, le cinéma, comme la littérature, ne se fait pas qu’avec des bons sentiments, et il ne peut se fonder exclusivement sur le charisme de ses acteurs. Il manque au film de Ann Hui un véritable point de vue. Au lieu de scènes, le spectateur a droit à des bribes de vies qui ne présentent pas toutes, loin de là, le même intérêt. Parfois, la vérité fait place au cliché, notamment dans la description de la vie quotidienne de la maison de repos. Alors, le temps s’étire, l’émotion se retire et fait place à l’ennui. Et à regret, on se retire déçu et soulagé, ces 117 minutes ayant paru bien longues.