INHEBEK HEDI

Film belgo-tunisien, coproduit par les Frères Dardenne, salué au récent Festival de Berlin (meilleur premier film, ours d’argent du meilleur acteur). Une belle réussite, qui révèle une société qui bouge et pour laquelle « le printemps arabe » semble avoir donné des besoins de liberté et d’émancipation, dont le dénouement laisse toutefois deviner la fragilité. On ne renverse pas si facilement des traditions qui régentent la vie des gens depuis des siècles. Le réalisateur Mohamed Ben Attia fait de son personnage principal une sorte d’antihéros : banal, effacé, taciturne, il n’a pas appris à dire non. Et le voici à la veille d’un mariage arrangé par une mère aimante, qui n’y voit que le bonheur de son fils. Une vie toute tracée s’offre( ?) à lui. Un boulot sans intérêt, une épouse qu’il ne connaît pas, la routine affective et sentimentale : le prix à payer pour une existence sans souci…et sans saveur. Le hasard met sur son chemin une jeune femme qui s’est donné les moyens, parfois précaires, de son émancipation. Elle va lui apprendre la liberté et la joie de vivre, dans l’instant et l’espoir de poursuivre ses rêves. La passion amoureuse va transformer le jeune homme et le mettre sur la voie de son émancipation, l’ambition créatrice se réveille, en même temps que le désir d’aimer, de briser les tabous. La réussite du film doit beaucoup à l’interprétation de Majd Matsoura( son nom ne vous dit évidemment rien ,il ne figure pas au box-office d’Hollywood !) qui change aisément de registre, et entraîne le spectateur dans sa métamorphose dont on aimerait croire qu’elle est faite pour durer mais…. Film modeste, sans originalité stylistique, mais qui emporte sans démagogie l’adhésion. Après tout, le mal-être est la chose la mieux partagée et les moyens de le combattre exige partout la même exigence de défendre son libre-arbitre.