Tour à tour pianiste de génie, essayiste, réalisateur d’émissions de radio et de télévision, Glenn Gould n’a cessé de stimuler les esprits par ses interprétations et ses expérimentations autour de l’enregistrement et du son. Plus de vingt ans après sa mort, il demeure l’une des figures les plus singulières du monde de la musique classique. Bruno Monsaingeon a déjà consacré quatre livres et plusieurs films à ce virtuose dont il fut l’ami. Il propose ici une approche nouvelle de sa vie, envisagée à partir de la manière dont il est perçu aujourd’hui par son public. Mêlant documentaire et fiction, le film brasse une somme considérable de documents d’archives, dont certains sont inédits, de telle façon que Gould, à la manière d’un fantôme revenu de l’au-delà, semble répondre lui-même au questionnement de ses interlocuteurs d’aujourd’hui. Le pianiste évoque notamment son « roman d’amour avec le microphone », qui le fera abandonner les salles de concert en 1964 : « Le studio d’enregistrement me fournit l’ambiance dont j’ai besoin pour faire de la musique de façon féconde. »

Le documentaire est ponctué de nombreux extraits de séances d’enregistrement et de concerts filmés entre 1948 et 1982. Gould y interprète Bach, mais aussi Beethoven, Brahms, Schubert, Weber, Prokofiev, Chopin et Hindemith. À découvrir aussi, un extrait d’une composition de Gould interprétée au piano par Émile Naoumoff. Lui-même musicien, le réalisateur insuffle à ses montages un rythme, une musicalité qui n’est pas sans rappeler le propre travail de Glenn Gould lorsqu’il produisait des documentaires, mais pour la radio, et qu’il fabriquait un véritable contrepoint avec les entretiens qu’il avait réalisés. Bruno Monsaingeon avoue d’ailleurs l’influence du pianiste sur son travail : « Lorsque je suis allé le voir à Toronto en 1972, j’ai rencontré quelqu’un qui avait formulé une philosophie de la communication par le biais de la caméra et du micro, et c’était ce que je cherchais. »

d’après le dossier d’Arte et Réjean Beaucage