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WHITE MATERIAL (2008) - Cinemaniacs.be
Quelque part en Afrique, dans une région en proie à la guerre civile, Maria refuse d’’abandonner sa plantation de café avant la fin de la récolte, malgré la menace qui pèse sur elle et les siens.
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Le film est âpre, dur, il offre des moments d’une fulgurante beauté mais toujours mêlée d’une extrême inquiétude. Il déconcerte par ce qui fait sa force, à savoir son absence de jugement moral: nulle nostalgie pour un monde colonial à l’agonie, à l’inverse pas de mise en accusation du pouvoir des Blancs, mais un déchaînement de forces destructrices qui semblent se nourrir d’elles- mêmes. La caméra est au cœur de ce monde (re)devenu absurde, comme ces slogans inscrits sur un fronton, une porte, un mur, lisez : « Dieu ne baisse pas les bras ». Dans ce pays d’Afrique sans nom, le paysage n’offre aucune de ces séductions exotiques auxquelles le spectateur occidental est habitué : tout n’est que délabrement, chaleur et poussières, pistes cahoteuses ; en lieu et place des grands animaux de la savane, quelques poules à bouillir ! Cette cruauté est-elle comme la préfiguration d’un monde condamné à s’autodétruire dans le déchirement fatal des riches et des pauvres ? La réalisatrice se garde bien de nous donner une réponse toute faite. A nous de voir. Une fois encore, Isabelle Huppert joue de la rencontre d’une personnalité multiple (la sienne) et du personnage dont elle s’approprie la force, la fragilité, la volonté obsessionnelle et la capacité de déni .Elle impose Maria sans jamais tomber dans la composition d’un rôle. Belle rencontre de 3 femmes, la réalisatrice, sa coscénariste, et son actrice (C. Denis, M. Ndiaye, I .Huppert) pour une œuvre qui dérange et nous interroge au-delà de nos schémas classiques du bien et du mal.
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