LE BEL ÂGE

Présenté au Festival de Bruxelles, le premier long métrage de Laurent Perreau offre des moments forts, surtout lorsque s’affrontent l’adolescente butée, hargneuse, et le vieil homme solitaire, misanthrope et cynique. La grande maison isolée, si souvent au cinéma l’incarnation chaleureuse de l’âme de ceux qui l’habitent et lui donnent leur vie, n’est ici que grincements, appels sans réponse, lieux de fuite qui favorisent la dissimulation et le rejet de l’autre. Le grand-père et sa petite-fille ne parviennent pas à se rencontrer, la caméra explore leurs territoires où l’autre ne pénètre que par hasard, ou par effraction, indifférent, au moins en apparence, à ce qu’il découvre. Les personnages, la jeune révoltée et le vieux bourru, portent en eux suffisamment d’inquiétudes, de mystères et de contradictions pour échapper aux stéréotypes du conflit des générations. Pauline Etienne donne à Claire une complexité faite d’impatience et de rage de vivre, de confusion et d’errances sentimentales. Une sacrée jeune actrice déjà mieux qu’en devenir. Quant à Michel Piccoli, il a l’humilité de son immense talent pour éviter les pièges du cabotinage et faire de Maurice cet homme au bout du chemin, dont on devine que la vie a été un jour bouleversée sans espoir d’oubli. Le dénouement sera celui de la transmission à nouveau possible. Un film très classique dans son sujet et dans sa réalisation, mais qui ne manque ni de style ni de vérité.