Emile, retraité et veuf, coule des jours paisibles ponctués par des parties de pêche sur les bords de Loire et les discussions avec les copains au bar du village. Pendant ce temps, son camarade Edmond, lui aussi vieux gars solitaire, n'oublie pas de rester vivant et multiplie les rencontres amoureuses en toute discrétion. Quand ce dernier meurt, Emile se retrouve face à lui même, face à des envies et des désirs qu'il croyait oubliés.
Confirmation, la tendresse est de retour dans le cinéma français. Il y eut Mammuth, puis La tête en friche, voici maintenant l’adaptation par Pascal Rabaté de sa propre B.D., qui vous met en joie, vous donne envie d’applaudir et de remercier le réalisateur, les acteurs et tous les dieux du cinéma. Un sujet scabreux, tant de fois maltraité dans l’atmosphère glauque des maisons de retraite, celui de la sexualité des septuagénaires, se métamorphose en une réjouissante et émouvante quête ultime du plaisir. Plus seulement celui des copains de bistrot ou de la pêche à la ligne, mais celui, plus risqué, plus aventureux, du sexe avec, pourquoi pas, un peu de drogue et de rock’n’roll. Le film suit Emile parti à la recherche de chemins de traverse, qui retrouve les lieux de son enfance miraculeusement squattés par une communauté de babas qui lui fait découvrir le bonheur de l’instant. Au bout d’un court séjour initiatique, le voici prêt à retrouver la femme avec qui assouvir ses fantasmes et rompre sa solitude. Et peu importe que ce soit une autre qui inopinément se trouve sur son chemin, les corps vont se rencontrer dans la beauté d’un vieillissement assumé. Daniel Prévost est un formidable vieux bonhomme indigne, Bulle Ogier et Hélène Vincent incarnent deux femmes qui assument leur vieillissement sans renoncer à leur désir de plaire et de se plaire: elles sont magnifiques de sensualité. On rit, on est ému, le film traîne longtemps derrière lui comme un parfum tenace de bonheur.