Au printemps 68 en Angleterre, une ouvrière découvre que, dans son usine, les hommes sont mieux payés que les femmes. En se battant pour elle et ses copines, elle va tout simplement changer le monde...
Un petit film sympathique ? Sans doute, à condition de débarrasser ces mots de toute connotation péjorative, voire méprisante. Petit par son budget et son économie de moyens. Pas de grandes envolées lyriques ni d’épiques mouvements de foules en grève, à peine un joyeux peloton de femmes –cyclistes avides de jouir des choses les plus simples de la vie. Pas d’enquêtes sulfureuses sur l’hypocrisie syndicale, la collusion des intérêts politiques et patronaux. Nous ne sommes pas dans un film de Ken Loach, encore moins dans une charge de Michael Moore. Niger Cole a choisi la légèreté, et donne même à son dénouement des allures de conte de fées : le combat des ouvrières triomphe des certitudes patriarcales qui tombent ici cul par-dessus tête. De la ministre qui finit par épouser leur combat, à la bourgeoise cultivée en rupture avec son rôle de potiche, jusqu’à l’ouvrière qui se révèle à elle-même et à ses proches dans son rôle de figure de proue du combat, que de femmes sympathiques et dignes ! Savent-elles que leur volonté et leur enthousiasme clôturent le temps des utopies des années 60 ? D’autres temps moins exaltants les attendent, ceux de la précarité et du chômage, mais c’est l’histoire de bien d’autres films, plus graves et plus combatifs. N. Cole abandonne ces ouvrières tout à leur ivresse, le petit monde auquel elles tiennent tant a désormais pour elles un autre regard, leur vie a pris des couleurs insoupçonnées. On oubliera le caractère parfois artificiel et démonstratif de certains dialogues, et le simplisme d’une réalisation qui frise parfois le docu-fiction télévisuel. Retenons plutôt le parfum doucement anachronique d’un monde solidaire qui semble aujourd’hui, mondialisation oblige, en voie de disparition.