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LA CONQUETE (2011) - Cinemaniacs.be
6 mai 2007, second tour de l'élection présidentielle. Alors que les Français s’apprêtent à élire leur nouveau Président, Nicolas Sarkozy, sûr de sa victoire, reste cloîtré chez lui, en peignoir, sombre et abattu. Toute la journée, il cherche à joindre Cécilia qui le fuit. Les cinq années qui viennent de s'écouler défilent: elles racontent l'irrésistible ascension de Sarkozy, semée de coups tordus, de coups de gueule et d'affrontements en coulisse. LA CONQUÊTE : L'histoire d'un homme qui gagne le pouvoir et perd sa femme.
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Le cinéma français est plutôt frileux lorsqu’il s’agit d’aborder sujets et personnages politiques. Hormis « Le promeneur du Champ de Mars », F. Mitterand, personnage pourtant complexe et romanesque à souhait, n’a pas inspiré les réalisateurs de l’Hexagone. Encore le film de Guédiguian vient-il après la mort du Héros ! Manque d’audace, peur de déplaire aux « Grands de ce Monde » ? Le cinéma anglo-saxon n’a ni ces craintes ni ces pudeurs ! On saluera donc l’entreprise de X. Durringer et de son scénariste P. Rotman avec d’autant plus de plaisir qu’ils réussissent à captiver notre attention sans tomber dans la caricature ni la dénonciation pamphlétaire. Passée la crainte initiale d’assister à une version longue des Guignols de l’Info. , l’irrésistible ascension de N. Sarkozy se savoure comme un western où les rivaux se jaugent et se toisent, s’insultent, c’est à qui sortira le premier la phrase assassine dont « l’autre » ne se relèvera pas. Et, bien sûr, c’est de son propre camp que viennent les coups les plus rudes. A chacun ses adjoints, discrets exécuteurs des basses œuvres, toujours prêts à fourbir de nouvelles armes, de nouveaux coups fourrés, de nouvelles calomnies de destruction massive. La plupart des dialogues sont drôles et incisifs, imaginaires certes mais jamais invraisemblables. Curieusement, à mesure que les ennemis s’écrasent les uns après les autres et que la victoire approche, le portrait de Sarkozy s’humanise. Ses pulsions bling bling et son agressivité vulgaire ne suffisent plus à caractériser le personnage. Sa passion du pouvoir, irrésistible, a aussi un goût de cendre, celui de la solitude et de l’amour perdu. Il en devient pathétique ! Le film, toujours à la recherche du personnage et de ses facettes les plus bizarres, mélange plaisamment les genres, de la comédie à la farce tout en ne fuyant pas le mélo. (Ah ! Cécilia, pourquoi m’abandonnes-tu après tout ce que j’ai fait pour toi ?) . Nous sommes au théâtre du pouvoir, avec ses comédiens titulaires et leurs comparses, et on prend plaisir au spectacle ! D’autant que l’interprétation de D.Podalydes est magistrale, au plus près de son personnage sans pour autant le pasticher. Certains autres acteurs ne sont malheureusement pas à ce diapason et la mise en scène vire parfois au téléfilm. Mais ne boudons pas l’arrivée d’un film français qui sonde les cœurs-et le reste- des hommes politiques normalement les plus exposés aux clichés médiatiques. Il n’a ni la vigueur ni la causticité d’une satire à l’italienne (Il Divo) ou à l’anglaise (The Queen) mais ce n’est peut-être que le début d’une voie nouvelle.
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