Cela se passe de nos jours dans un petit village, quelque part entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les femmes vont chercher l'eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb, et ce depuis la nuit des temps. Leila, jeune mariée, propose aux femmes de faire la grève de l'amour : plus de câlins, plus de sexe tant que les hommes n’apportent pas l’eau au village.
Présenté en clôture au dernier Festival de Cannes le film de Radu Mihaïleanu est un conte touchant, un plaidoyer souriant pour la tolérance, le respect et l’émancipation de la femme. Dans un village non localisé (cela pourrait se passer au Magrheb, au Moyen- Orient), les femmes décident de refuser le sort que la coutume et une interprétation machiste du Coran leur assignent depuis des siècles. Pour parvenir à leurs fins, elles vont faire assaut d’ingéniosité et retourner contre eux les armes favorites des hommes. Dans un dynamisme, une bonne humeur et un désir d’entreprendre et de réussir qui galvanisent les villageoises, toutes générations confondues. Comme elles sont séduisantes dans leurs vêtements colorés, dansant et chantant à la lumière dorée d’un soleil couchant ! Et c’est pourtant à ce moment que le film laisse apparaître ses faiblesses, péchant par une propension à l’exotisme un peu facile.Peut-on réussir tout à fait un film avec une telle dose massive de bons sentiments ? Les dialogues, trop souvent explicatifs, ronflent comme des leçons de catéchisme humaniste. Tant de naïveté et de candeur désarme un temps le sens critique, la générosité du propos empêche de clamer trop haut ses réserves. Et pourtant le conte finit par devenir un peu pataud à force de gentillesse, la simplicité s’altérant en simplisme. Reste que par ces temps de fanatismes en tous genres, un film d’une telle sincérité, par ailleurs loin d’être dénué de qualités esthétiques, mérite un large public, lequel ne devrait pas trop s’appesantir sur ses défauts. Peut-être même y trouvera-t-il une partie de son plaisir ?