BAL (2010)

Récompensé par l’Ours d’Or du Festival de Berlin 2010, MIEL enchantera les cinéphiles patients, point rebutés par l’extrême lenteur avec laquelle la caméra déploie son regard. La beauté de l’image organise chaque séquence comme un tableau de genre sans pouvoir toujours éviter au spectateur un certain ennui lorsque les répétitions deviennent des procédés narratifs sans surprise. Reste que le film recèle suffisamment de motifs d’étonnement et d’émerveillement par rapport au monde qui nous est décrit. Il met le spectateur au milieu d’une nature aussi belle que mystérieuse, à la fois fascinante et inquiétante de tant de dureté et d’indifférence à la peine des hommes. Hommes et femmes qui semblent hors du temps (celui de la Turquie d’aujourd’hui) et dont les pratiques ancestrales, symbolisées par la pose de ruches à la cime des arbres les plus hauts, paraissent bien celles d’un monde en voie de disparition. Mais le jeune Yusuf n’en a cure, lui dont la relation avec le père, faite de respect et d’admiration, se met au cœur du film et lui donne sa part d’émotion. C’est lui qui sauve le film d’un regard trop esthétisant. Beau portrait d’enfant angoissé par la disparition du père et ses propres difficultés d’apprentissage. Enfant bègue et amoureux des mots, perdu dans l’interprétation de ses rêves, qui donnent à sa vie leurs couleurs, sans qu’il sache encore où ils vont les mener. Film poétique, qui s’attarde sur la beauté et l’étrangeté des choses et des destinées, au risque de se perdre parfois dans une douceur quelque peu léthargique !