JIMMY RIVIERE

Le premier long métrage de Teddy Lussi-Modeste séduit par l’exploration originale du monde dont il est issu, celui des Gens du Voyage. Une exploration sans visée ethnographique ni complaisance folklorique. Quelques scènes de la vie quotidienne pour évoquer le boulot, l’installation du campement, l’importance de la famille, la toute puissance de la religion pentecôtiste. Le film réussit à créer un contexte où vont exploser toutes les contradictions qui font de Jimmy un être tendu, un détonant mélange de tendresse et d’agressivité. Car l’intrigue repose avant tout sur les hésitations d’un jeune homme avide de s’émanciper du groupe et de lui donner des gages de son appartenance. Le film doit beaucoup à l’interprétation de Guillaume Gioux qui donne à son personnage une énergie et une intensité parfois inquiétantes, toujours séduisantes. Sonia- accrocheuse Hasfia Herzi- en sait quelque chose, elle, la jeune femme aimée avec passion tout autant que rejetée puisque n’appartenant pas à la communauté. La mise en scène suit les errements de cette quête de soi qui, malheureusement pour le spectateur, prennent vite la structure d’une répétition systématique. A aucun moment il n’y aura un élément de rupture susceptible de donner à l’intrigue un cours imprévu qui obligerait peut-être Jimmy à des choix plus nets. C’est cette raideur dans le scénario qui empêche d’adhérer tout à fait au propos du film. Restent quelques scènes lumineuses et une interprétation qui rachète de bien des péchés.