Cette grande fresque épique située dans les années 30 au moment de la découverte du pétrole, raconte la rivalité entre deux émirs d’Arabie et l’ascension d’un jeune Prince dynamique qui va unir les tribus du royaume du désert.
La superproduction de J.J. Annaud, tournée en partie dans le désert qatari et largement financée par la Doha film Institute, emprunte largement la trame historique qui était déjà celle de Lawrence d’Arabie(1962). Elle n’en a pas le souffle épique, même si le désert garde sa fascinante photogénie, et les personnages manquent ici de crédibilité. Difficile de croire à la métamorphose d’Auda, hier jeune intellectuel timide ,aujourd’hui leader charismatique et fin stratège qui met en déroute une armée supérieurement équipée. Difficile de ne pas trouver qu’A. Banderas en Emir progressiste en fait beaucoup et finit par ressembler à…. A. Banderas. Quant aux personnages féminins, secondaires dans cette épopée nécessairement virile, elles sont réduites aux stéréotypes d’une romance qui prête plus à sourire par la naïveté du dialogue qu’à s’émouvoir. Quant à la musique, redondante et emphatique, elle est celle d’un banal film d’aventures. Paradoxalement, l’intérêt de cette superproduction réside peut-être dans son dialogue, lequel révèle assez bien l’opposition entre un islam archaïque et conservateur et les partisans de la modernité. Opposition sans simplification manichéenne. L’archaïsme ne va pas sans un certain respect de valeurs qui ont leur noblesse, et la modernité sent déjà très fort l’acculturation et l’odeur des pétrodollars. Il serait sot de négliger l’intérêt et la pertinence actuelle de cette dialectique. Lointain cousin maladroit et pataud du film de D.Lean, Black Gold manque cruellement du regard bleu de Peter O’Toole. Il est des comparaisons insupportables mais malheureusement inévitables