LE GRAND SOIR (2011)

Dommage, ce ne sera pas celui du dernier film de B. Delépine et G.Kervern. Après le très drôle et très réjouissant Mammuth, on pouvait espérer un nouveau voyage impertinent au pays de l’anarchisme joyeux, peuplé de ces marginaux en révolte, un peu paumés, un peu cons, mais si sympas. Hélas, le road-movie qui a pour centre une zone commerciale, accumule scènes et situations qui ne parviennent pas à constituer une intrigue. Fâcheuse impression d’un film qui ne démarre pas. Le spectateur attend, mais en vain, que l’histoire prenne épaisseur et consistance. Il en est réduit à s’amuser du cabotinage de Poelvoorde déguisé en punk professionnel (le plus vieux punk à chien d’Europe). De même, la métamorphose de Dupontel, qui quitte ses habits de cadre commercial pour une défroque de libertaire qui n’aspire plus qu’au « grand soir », les apparitions réitérées d’Arezki et de B. Fontaine en parents barjos, apportent des moments bienvenus de folie plus farfelue qu’inquiétante. Pareil pour la très brève apparition de G. Depardieu. Des moments jubilatoires, mais courts, insuffisants pour créer un ensemble attachant. Le dénouement, pathétique et dérisoire pour les 2 « héros » donne au film sa juste résonnance, finalement un peu triste. L’anarchisme des 2 réalisateurs semble fatigué, comme s’ils n’y croyaient plus trop .Ils abandonnent à eux-mêmes leurs personnages, qui continuent à se déjanter comme ils peuvent, mais sans avoir l’occasion de montrer qu’ils sont bien plus et bien mieux que des loosers sans envergure.