Un train entre en gare de La Ciotat. Les images des Frères Lumière sont le point de départ d'un voyage au plus près de celles et ceux qui au quotidien, font le train.
Au fil des rencontres, en découvrant le travail et la parole des cheminots, l'évidence se révèle. Le train a fédéré des métiers disparates pour construire une communauté partageant la même culture du travail. Mais à l'heure de l'ouverture à la concurrence, le réseau et les services se divisent, de nouveau les métiers sont séparés. Le bouleversement est profond ; il remet en cause le sens même du travail et son efficacité.
Tout au long du voyage, le cinéma et l'Histoire éclairent le temps présent. Le cinéaste Ken Loach, réalisateur de The Navigators, observe que ce même mouvement a mené la privatisation du chemin de fer anglais à sa faillite, sociale et financière. Le grand résistant, Raymond Aubrac, revient sur la notion de Service public qui unifie la société française. Car ce que vivent aujourd'hui les cheminots, au-delà de la détérioration de leurs conditions de travail, interroge les fondements de notre modèle républicain. Dans le langage cheminot, on ne dit pas reculer, mais refouler. À force de refoulements, devra-t-on renoncer à ce qui nous a construit, à ce qui nous réunit ? Faudra t-il renoncer à cette aspiration légitime : un "transport" en commun ?