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ON THE ROAD (2012) Sur la route - Cinemaniacs.be
ON THE ROAD
Sur la route


Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, écrivain new-yorkais débutant, rencontre Dean Moriarty, jeune voyou dangereusement séduisant. Ils accrochent immédiatement. Déterminés à ne pas se laisser piéger dans une vie médiocre, Sal et Dean prennent la route : assoiffés de liberté, ils découvrent le monde et partent à la rencontre des autres et d'eux-mêmes.



L’adaptation du roman mythique de Jack Kerouac, enfin ! Ce livre culte de la beat generation, Walter Salles n’a pas hésité à s’en éloigner pour mieux en faire ressortir l’esprit libertaire. Fasciné par Rimbaud, comme lui, Kerouac avait choisi la route et l’errance pour faire éclater le vieux monde du puritanisme nord-américain, briser toutes les chaînes, désentraver la vie. Le réalisateur fait de la route beaucoup plus qu’un décor, elle devient vite le personnage central, superbement mis en valeur par l’image. Elle imprime au film le rythme de ses saisons, impose ses arrêts brutaux, ses retours en arrière, ses mystères et ses échecs. Et lorsqu’après de longues années d’errance, ramassées en 2h20 de film (un peu long tout de même !), Jack se met devant sa machine à écrire, c’est parce que la route a enfin fécondé la création littéraire. L’expérimentation du désordre et du « dérèglement de tous les sens » peut maintenant accoucher d’une œuvre aussi tumultueuse que chaotique et dérangeante. L’œuvre cinématographique s’impose ce rythme qui ne permet pas au spectateur qui le souhaiterait de déposer son regard sur un lieu, de trop s’appesantir sur des états d’âme, il faut repartir, les personnages ont de nouvelles limites à faire reculer, des tabous à transgresser. Parfois le retour dans des lieux déjà connus s’impose à eux, comme s’ils n’avaient pas encore révélé tous leurs mystères. La liberté, elle est aussi dans l’absence de linéarité du récit. Tout occupés à donner à leur vie un maximum d’intensité quitte à la brûler dans le sexe, l’alcool et la drogue, les personnages ont aussi leurs déchirures, eux aussi connaissent le doute, l’angoisse. W. Salles ne les a pas transformés en clones des Kerouac, Ginsberg et autres W.Burroughs. Non seulement ils portent un masque (comme dans le roman) mais leur vie s’augmente de l’interprétation des comédiens qui les incarnent. Acteurs et personnages se transcendent mutuellement, « Sur la Route » est aussi un grand film d’acteurs. Ainsi Garrett Hedlund prête-t-il à Dean une démesure romantique qui le rend aussi touchant dans sa spontanéité qu’inquiétant par son absence de repères. Kristen Stewart crée un beau personnage touchant dans sa soif de vivre et son immaturité. Les autres comédiens sont au même diapason d’une jeunesse qui ne sait pas encore qu’elle va former une génération, celle qui dira non à l’ordre établi. A-t-elle gagné ? A-t-elle perdu ? Le film du réalisateur brésilien est en tous cas beaucoup plus un formidable appel d’air qu’un témoignage sur des temps qui seraient révolus.

Jean-Pierre Sculier









2012
2h20


Realisateur

Walter
Salles



Date de Sortie

Belgique
06/06/2012
DVD
17/10/2012
France
23/05/2012

Distributeur

Cinéart

Distributeur dvd/Blu-Ray/VOD

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