CAMILLE REDOUBLE (2012)

Salué à la Quinzaine des Réalisateurs du récent Festival de Cannes, le film de Noémie Lvosky a bien du charme. Même s’il fait penser à Peggy Sue de Fr. Ford Coppola, il est bien plus qu’un remake. Camille vit plutôt mal sa quarantaine débutante, elle n’est qu’une actrice ratée qui noie dans l’alcool le naufrage de son amour de jeunesse. Et la voilà brutalement replongée dans le temps de ses 16 ans, elle retrouve père et mère, amies, amours, le bahut des années 80. Bref, tous les émois de l’adolescence avec la connaissance des échecs, des chagrins et des déceptions qui l’attendent dans le futur. Des scènes tantôt drôles, tantôt émouvantes et, très souvent, les deux à la fois. Que de questions à partir d’une fiction qui n’est possible et réaliste qu’au cinéma ! Camille va-t-elle pouvoir changer son destin ? En revivant son adolescence avec la maturité qu’elle n’avait évidemment pas, voudra-t-elle modifier, voire effacer son présent ? Recréer une jeunesse abolie, avant tout ce que le temps a cassé ? On se gardera bien de révéler ses choix. Avant d’en arriver à un dénouement à la hauteur de la grande tendresse qui baigne tout le film, le film réserve des situations, des dialogues, des personnages qui serrent la gorge. Ainsi la scène où la jeune Camille fait promettre à ses parents de ne jamais mourir. La nostalgie du temps qui passe n’est pas le sujet le plus original qui soit, N. Lvovsky, réalisatrice et actrice, la teinte paradoxalement d’un appétit de vivre une vie joyeuse. Et ce paradoxe est pour beaucoup dans la réussite de son film. Elle est chouette, Camille, et on aime bien les gens qu’elle rencontre, de l’horloger philosophe (un magnifique cabotinage de J.P. Léaud), au professeur de sciences, poète amoureux qui révèle à Camille beaucoup d’elle-même (D. Podalydès, excellent comme toujours).