THE COMPANY YOU KEEP (2013) Sous surveillance

Robert Redford reste fidèle à ses engagements, au risque de réaliser un film que certains jugeront désuet, voire ringard. Mais même si le film ne brille pas par l’audace de sa réalisation ni par l’intensité de son suspense, il séduit par l’honnêteté de ses ambitions. Sans tomber dans la lourdeur de l’œuvre à thèse, synonyme d’ennui et de manipulation du spectateur, l’immense Monsieur Redford conduit plaisamment et habilement sa réflexion sur les valeurs qui peuvent engager une vie, le prix à payer pour les défendre, les erreurs qui peuvent transformer les idéaux en cauchemars de toute une vie. Comment et jusqu’où peut-on rester fidèle à des causes justes mais qui risquent de vous faire basculer dans la violence ? Peut-on faire bifurquer sa vie vers d’autres valeurs sans se renier ? Les protagonistes du drame qui leur vaut une traque inlassable du FBI depuis plus de 30 ans ont tenté de se reconstruire, privilégiant la bonté et la générosité dans leurs rapports avec les autres, certains dans l’affection et le respect de leurs enfants. Beaux personnages de Jim Grand (R.Redford lui-même) et de Sharon Solarz (Susan Sarandon, toujours aussi émouvante dans sa simplicité). Il y a du Jean Valjean dans le personnage de Grand, l’avocat des laissés pour compte, du Javert dans ce traqueur monomaniaque du FBI. Il y a cette confiance dans la presse, en tout cas celle qui se met au service de la vérité : Shia Labeouf est convaincant dans son rôle de jeune journaliste qui réussira à conjuguer ambition et respect d’une certaine éthique. Naïf, Monsieur Redford ? Le renoncement et le cynisme, ces infirmités qui accompagnent si souvent le temps qui passe, ne l’ont pas atteint. Bien sûr, le film est couvert d’un voile de nostalgie, celle que l’on peut avoir pour certaines idées généreuses qui semblent aujourd’hui comme étouffées, celle aussi de la beauté qui s’en va, et que la caméra essaie de retenir, encore et encore (Julie Christie est toujours belle, qu’on se le dise).