XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu'elle aspire à vivre dans "le monde". Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique : mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou un peu trop aimantes… La passion et la force qui l’animent lui permettent de résister à la barbarie du couvent, poursuivant son unique but : lutter par tous les moyens pour retrouver sa liberté.
Diderot avait prudemment laissé le manuscrit de « sa » Religieuse dans un tiroir, conscient de son caractère sulfureux. Un séjour à la prison de Vincennes lui avait suffi ! Son œuvre ne paraîtra qu’à titre posthume. Deux siècles plus tard (1967), l’adaptation cinématographique de Jacques Rivette connut bien des démêlés avec la censure et le puissant lobby catholique. Aujourd’hui, Guillaume Nicloux propose sa propre vision du roman. La censure n’est plus ce qu’elle était (ouf !)et le lobby intégriste a sans doute d’autres vilains chats diaboliques à fouetter ! Le film n’est d’ailleurs pas une charge anticléricale mais d’abord un hymne vibrant à la liberté. Oui, il fut un temps, pas si lointain, dans cet occident si civilisé, où la violence faite aux femmes était légale et couverte par des traditions guère remises en cause. Le calvaire de Suzanne Simonin, la jeune novice qui n’avait pas la foi, c’est la tentative d’étouffement de son désir, de vivre, de découvrir le monde. L’interprétation de la jeune Pauline Etienne est remarquable, elle donne à son personnage une volonté dévorante de triompher des épreuves les plus avilissantes. Dommage que le dialogue soit souvent engoncé dans une langue qui se veut proche de celle de Diderot, mais lui enlève au contraire son dynamisme et sa spontanéité. Comme si G. Nicloux tenait à maintenir à distance les passions les plus vives. La mise en scène est conventionnelle, à la recherche d’une certaine élégance classique ; on se surprend à trouver beaux les voiles flottant autour de ces jeunes visages, dans de superbes chapelles dont on finirait par oublier qu’elles sont d’abord des lieux d’endoctrinement et d’enfermement. Film généreux, mais pas vraiment abouti. Et, comme d’habitude, on peut s’interroger sur l’intérêt du remake, lequel dissimule trop souvent la pénurie de scénarios originaux.
Langues : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Nederlands
Bonus : interview de Guillaume Nicloux - Carnet de bord de Guillaume Nicloux