MICHAEL KOHLHAAS

En compétition à Cannes, largement récompensé au dernier Festival de Bruxelles, le film d’Arnaud des Pallières ne manque pas d’attraits mais peut aussi décevoir. En premier lieu les lecteurs de Kleist qui risquent de se perdre un peu dans une adaptation qui transplante l’action de la Saxe vers les Cévennes tout en manquant de cohérence historique. Plusieurs critiques ont justement remarqué le manque de dramaturgie. Sans doute un choix du réalisateur pour la stylisation, refusant le pittoresque d’une reconstitution des costumes et des scènes de combats : Mathias met son pays à feu et à sang, mais presque systématiquement hors cadre! Et que de plans fixes ! Le film n’a rien d’un western du XVIème siècle. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un réel pouvoir de fascination. L’austérité est partout : le vent souffle, les chevaux se cabrent et hennissent, les hommes ont la sauvagerie quasi muette d’une terre brute. Les fanatismes religieux brûlent hommes, animaux et paysages d’un souffle dévastateur. Et puis-et surtout- il y a cette incarnation de Kholhaas par Mads Mikkelsen. Le tout grand acteur Danois impose à son personnage sa force silencieuse, sa volonté d’obtenir justice qui le conduit à la limite de la folie et à la mort. Il est comme l’émanation de ce monde de pierre et de vent, au français plus rocailleux et tranchant qu’exotique. Si A.des Pallières use et abuse d’images qui finissent par être redondantes, paysages, gros plans du visage de son acteur principal (d’accord il est beau et impressionnant, mais tout de même….), on ne déniera pas à son film une forte personnalité.