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LANDES (2013) - Cinemaniacs.be
Années 20 dans les Landes. Une immense forêt industrielle, une crise sociale qui couve. Liena, 35 ans, veille incrédule le corps de son mari brutalement disparu. Quelque chose de profond unissait ces deux-là. Le chagrin de Liena est si fort. Qui était-il ? Et elle ? Qui ne ressemble à aucun des bourgeois qui l’entourent. Elle semble gorgée de vie, impertinente et libre, mais doit trouver aujourd’hui comment renaitre, continuer à vivre. Vivre sans lui, l'un des plus gros propriétaires forestiers du pays, mais un original avec un drôle de rêve : l'électricité partout sur ses terres. Alors Liena se veut digne héritière et décide de faire de ce "rêve électrique" une réalité. Sauf que personne n'en veut, ni son milieu, ni les syndicats. Alors elle bataille, lutte, se trompe... finit par regarder la lande "en face", se relie enfin à la modernité qui est en elle, sent qu’il existe en fait un autre rêve, un ailleurs social, un ailleurs émotionnel au-delà de la réalité figée et étouffante du pays...
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Le premier long métrage de François-Xavier Vives mérite sans aucun doute d’être vu. Les images, fortes et belles, mettent en évidence son attachement à ce pays(le sien) de pins et de vents, de mer et de sable. Paysages lumineux, mais qui peuvent devenir rapidement inquiétants, durs, façonnant des hommes et des femmes qui finissent par leur ressembler, pour le meilleur et pour le pire. En 1920, les grandes propriétés ressemblent encore à des fiefs moyenâgeux, où se pratiquent la corvée et les contributions en espèces. En toute bonne logique patriarcale et bourgeoise, Liéna aurait dû rester attachée aux privilèges de sa caste et les défendre avec la même vision archaïque et passéiste de son entourage. Mais elle veut être une femme libre, et elle entrera vite en conflit avec son milieu, qui ne pensera bientôt plus qu’à l’empêcher de nuire. Attachée à cette terre avec laquelle elle semble ne faire qu’une, passionnée et tourmentée comme elle, elle veut d’abord honorer un engagement, réaliser le rêve d’un autre Mais elle comprendra vite que le combat qu’elle entreprend parce que c’était celui de son mari décédé, à savoir l’électricité pour tous dans les Landes, est un combat prématuré, vide de sens pour ces ouvriers-paysans qui ne mangent pas à leur faim tous les jours. Elle voudra réaliser, toujours avec la même fougue, des réformes plus urgentes mais la résistance des « Familles » gagnera toujours un peu plus en violence. Dommage que cet épisode mal connu de la lutte des classes n’ait pas été transposé au cinéma avec plus de souffle et de lyrisme, que la réalisation, à cet égard, soit si timide, si académique.
Mais toutes les réserves disparaissent au moment de saluer l’extraordinaire prestation de Marie Gilain , frémissante, emportée, obstinée, avide de vie et de liberté. Sans doute son meilleur rôle à ce jour. Quelle force ! Et quelle beauté !
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Langues : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Nederlands
Bonus : Interview du réalisateur |
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