Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de 'Samantha', une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore, et peu à peu, ils tombent amoureux...
Passionnant, dérangeant. Le film de Spike Jonze a été justement salué pour l’originalité de son scénario (Oscars, Golden Globe).De la science-fiction ? Oui, mais à peine. Tout nous semble si proche, comme un orage annoncé qui ne manquera pas d’éclater. Pas une fin de monde, qui serait prétexte à un déchaînement de violence doublé d’un prêchi- prêcha symbolico -écologique (Voir The Snow Piercer si l’aventure glaciaire vous tente). Non, plutôt un lent glissement vers une société qui se déshumanise d’elle-même, enfermant ceux qui peinent à s’y adapter dans une solitude accablante.
Les amours de Théodore Twombly sont malheureuses, il n’a pas su aimer celle qu’il aime, le divorce était inéluctable, tout dialogue lui est difficile, et il tente de se cacher dans les divertissements virtuels qui n’exigent rien de lui. Les images de la ville qu’il traverse chaque jour sont belles et glaçantes, des hommes et des femmes y passent et repassent, sans jamais se parler.
Des Théodore, il y en a par trains et métros entiers, ils ne se voient pas, se bousculent, se cognent sans même s’en rendre compte, dans la poursuite de conversations inaudibles, comme dans un film muet. Jusqu’au jour où il fait la connaissance de Samantha, les liens se tissent, l’affection grandit, l’amour, enfin….
Une idylle sans nuage, enfin ?….Non, ils ne pourront s’aimer très longtemps. Lui ne la verra jamais, puisqu’elle n’existe que dans un ordinateur. Une voix seulement, mais chaleureuse, vive, sensuelle (celle de Scarlett Johanson, tout de même !), reflet d’une profonde humanité. Etranges scènes d’amour, de plaisirs partagés entre un homme un peu- beaucoup paumé et un être virtuel qui semble avoir été programmé pour aller jusqu’au bout, ou presque, des sentiments humains, tantôt les plus délicieux, tantôt les plus douloureux.
Fallait-il cette aventure étrange pour que Théodore (excellent Joaquin Phoenix) trouve enfin le juste goût de l’humain ? Serons- nous, un jour proche, tentés par des aventures amoureuses où virtuel et réel s’emmêlent et finissent par se confondre ? Ce serait tout de même dommage que les robes légères de la chanson de Souchon arrêtent de nous tourner la tête !