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WAKOLDA (2013) Le médecin de famille - Cinemaniacs.be
WAKOLDA Le médecin de famille |
Patagonie, 1960. Un médecin allemand rencontre une famille argentine sur la longue route qui mène à Bariloche où Eva, Enzo et leurs trois enfants s'apprêtent à ouvrir un hôtel au bord du lac Nahuel Huapi. Cette famille modèle ranime son obsession pour la pureté et la perfection, en particulier Lilith, une fillette de 12 ans trop petite pour son âge.
Sans connaître sa véritable identité, ils l'acceptent comme leur premier client. Ils sont peu à peu séduits par le charisme de cet homme, l'élégance de ses manières, son savoir et son argent, jusqu'à ce qu'ils comprennent qu'ils vivent avec l'un des plus grands criminels de tous les temps.
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La jeune réalisatrice argentine Lucia Puenzo adapte son propre roman Wakolda(2011, Editions Stock). Elle a réussi un film oppressant, dérangeant, d’une maturité qui confirme la richesse du cinéma argentin, malheureusement si peu distribué. Le cinéma, une fenêtre sur le monde, oui, mais parfois juste entrebâillée .Nous voici donc en cinémascope dans les paysages sauvages de la Patagonie, dont l’innocente apparence de paradis sera dès les premières images contrebalancée par l’omniprésence d’un personnage froid, autoritaire, inquiétant. Un de ces nombreux responsables nazis qui ont trouvé refuge dans une Argentine elle-même en proie à la dictature. Un des plus répugnants, le docteur Mengelé, « spécialiste »des expériences génétiques sur les cobayes que les camps d’extermination lui fournissaient sans limite. Le film n’approfondit pas la responsabilité des Argentins, d’ailleurs peu présents, que savaient-ils en 1960 de la barbarie européenne ? L’histoire est une fiction (hormis Mengele), elle se déroule pendant les quelques mois où le nazi, traqué par le Mossad israélien, a disparu (il réapparaîtra au Paraguay). Une fiction plausible, Mengele ayant pu trouver refuge, protection et respect dans la communauté allemande de Bariloche, toujours acquise à l’idéologie nazie dont elle véhicule les « valeurs » par ses enseignants. Mais l’intelligence du scénario est de superposer plusieurs niveaux de lecture, ce qui donne au film toute son intensité. Ainsi l’étrange relation de séduction réciproque qui se noue entre Lilith, la jeune adolescente-cobaye presque consentante et son bourreau. Ainsi l’étrange passion du père de Lilith pour la création de poupées, qu’il veut aussi près que possible de l’humanité, belles dans leur imperfection(Wakolda, la poupée indienne) et l’ambition de Mengelé de les reproduire en usine, toutes semblables dans leur perfection, à l’image d’une pureté raciale dont il rêve obsessionnellement(la poupée aryenne). Ainsi ces enchevêtrements de poupées désarticulées qui en rappellent d’autres, de cadavres humains, images qui font basculer le film dans l’épouvante.
Un film dur, dont il est difficile de se débarrasser, qui a le grand mérite de nous mener hors des sentiers battus du divertissement sans lendemain.
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