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DEUX JOURS UNE NUIT (2014) - Cinemaniacs.be
Deux jours et une nuit pendant lesquels Sandra, trente ans, aidée par son mari, va sillonner la ville à la recherche de collègues qui accepteraient de perdre leur prime pour qu'elle garde son travail.
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Le délai est court. L’issue incertaine. Le suspense terrifiant. Le chef d’œuvre magistral. Mais comment font-ils donc pour, film après film, nous émouvoir toujours un peu plus alors qu’ils semblent nous maintenir dans le même univers étriqué, misérabiliste ? C’est que les Frères Dardenne n’ont pas leurs pareils pour mettre en lumière la profonde humanité de ces antihéros que la vie rend souvent rustres, violents. Les collègues que Sandra contacte dans l’espoir qu’ils renonceront à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail sont autant de figurants fragiles que l’ultralibéralisme d’aujourd’hui ballotte désormais, avec de moins en moins de vergogne, de l’emploi précaire au chômage. Le film est violent, chacun des coups de sonnette que Sandra donne est lourd d’angoisse, chaque porte qui s’ouvre peut révéler des difficultés insoupçonnées, libérer des peurs, des rages et heureusement aussi, des tendresses. Celles et ceux qui refusent ont de bonnes raisons, l’argent ne les aveugle pas, mais ils ne veulent pas devenir à leur tour les victimes d’un système qui voudrait bien broyer toute tentative (tentation) de solidarité. Dans le cinéma des Dardenne, c’est elle qui est la plus forte, redonnant à Sandra la volonté de se battre pour un nouveau départ. La dernière image de Sandra souriante, disparaissant peu à peu de notre regard, a toute l’intensité émotionnelle de la dernière séquence des Temps Modernes. Décidément non, le cinéma des Frères n’est pas misérabiliste, il est au plus près du combat de ces hommes et de ces femmes pour leur dignité. Encore faut-il que les acteurs qui les incarnent aient l’humilité de s’effacer pour libérer cette diversité dans la lutte. Ce qu’ils font, donnant avec discrétion la vision d’une société multiculturelle solidaire dans une même entreprise de survie. Toujours aussi vraie, la grande famille des Frères ! Et puis, et puis il y a la Star, césarisée, oscarisée, que les réalisateurs ont modelée, transformée, à force d’exigence, de travail, jusqu’à la faire être cette frêle jeune femme, modeste, qui acquiert après chaque étape de son difficile parcours, un peu plus de force, un peu plus de volonté pour refuser le néant social qui lui paraissait promis. Superbe Marion Cotillard, seul un très grand talent pouvait permettre une telle métamorphose. Les Frères continuent à creuser leur sillon : dire la révolte, le refus,
rendre visibles ceux qu’on n’ose plus appeler les « Damnés de la Terre ».Aujourd’hui dans un film sans doute plus accessible à un plus large public que les précédents. Une Palme d’Or ? Un grand Prix d’interprétation ? On verra, il y a sans doute d’autres excellents films à Cannes cette année ! Mais de toute façon, un grand moment de cinéma intelligent, simple et émouvant.
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2015
Nomination Meilleur Film
Magritte du Meilleur Film
Nomination Meilleur Scénario Original ou Adaptation
Nomination Meilleure Réalisation
Magritte de la Meilleure Réalisation
Jean-Pierre Dardenne
Luc Dardenne
Nomination Meilleur Acteur
Magritte du Meilleur Acteur
Fabrizio Rongione
Nomination Meilleure Actrice dans un Second Rôle
Christelle Cornil
Nomination Meilleure Actrice dans un Second Rôle
Catherine Salee
Nomination Meilleur Son
Nomination Meilleurs Décors
Nomination Meilleur Montage
2015
Nomination Meilleure Actrice
Marion Cotillard
2015
Nomination Meilleure Actrice
Marion Cotillard
Nomination Meilleur Film Etranger
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