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TUSEN GANGER GOD NATT (2014) A thousand times good night - Cinemaniacs.be
TUSEN GANGER GOD NATT A thousand times good night |
Rebecca est l'un des plus grands photographes de guerre au monde, mais son mari refuse de mettre sa vie en danger plus longtemps. Rebecca va devoir jongler entre sa vie de famille et son travail.
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Ce premier long métrage du réalisateur norvégien Erik Poppe offre quelque moments d‘émotion intense. Dure et inoubliable cette « cérémonie » de préparation de la jeune Kamikaze appelée à se faire sauter au milieu d’un marché, quelque part dans Kaboul. Appelée comme une élue. La séquence est filmée avec une lenteur qui donne à chacun des gestes accomplis la solennité d’un rituel qui donne froid dans le dos. Une cérémonie sacrificielle : le chagrin d’une mère, d’une sœur, d’une amie, est relégué au second plan par la certitude du martyre et le sens du sacrifice. Rebecca, la photographe, apparemment maître de ses émotions, prend cliché sur cliché, jusqu’à l’explosion qui la laisse sérieusement blessée au milieu du carnage. Mais pourquoi tant d’acharnement, pourquoi une prise de risque aussi insensée ? Rebecca, bon gré mal gré, doit retourner auprès des siens, un mari, deux enfants. Le film prend alors la tournure d’un drame plus intimiste. Père et filles sont écorchés, rongés par l’angoisse qui marque douloureusement chacun des départs vers un nouveau théâtre de violence. Et les limites sont à présents dépassées. Avouons que le film perd beaucoup de son intensité dramatique et glisse vers un académisme de réflexions plus attendues : comment concilier l’attention aux proches et l’attention au monde dont Rebecca veut témoigner. Conflit de devoir, conflit de loyauté, mais aussi ambiguïté des motivations de la jeune femme : rage contre cette sauvagerie planétaire, mais aussi euphorie, moins avouable, du risque et de la montée d’adrénaline. Faut-il renoncer à une partie de soi-même ? Autant de questions qui vont apporter leur lot de tensions dramatiques. Dommage que parfois le drame vire au mélo, se noie dans des tirades sentencieuses sur l’état du monde. Les bonnes intentions rendent rarement bon service au cinéma. Pas plus d’ailleurs que qu’une trop grande insistance sur ce qui est censé donner l’émotion. Ainsi, le beau visage de Juliette Binoche, perd-il, par l’abus de gros plans, de sa force de bouleversement. C’est quand même dommage, non ? Ce premier film mérite qu’on lui prête attention, et cela même s’il est inabouti.
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