A la suite du décès de sa meilleure amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la vie.
Ozon répand de film en film son goût pour l’étrange et le dérangeant. Comme il est un réalisateur prolifique, il met un malin plaisir à explorer et à brouiller de nouvelles pistes pour dérouter le spectateur. Il y réussit souvent sans trop de mal peine, avec une originalité qui confine à la roublardise. Pas sûr que cette fois, il ait réussi son entreprise. Les premières minutes sont prometteuses, semblant orienter l’attention du spectateur vers une intrigue à la limite du réalisme (la perte d’un être aimé) et du fantastique (sa présence obsédante). L’interprétation –le transformiste Romain Duris, la troublée et troublante Anaïs Demoustier et la diaphane Isild le Besco- investit au mieux les personnages et sauvegarde l’intérêt du film. Mais l’originalité s’émousse assez vite, et cela va un peu dans tous les sens. On y trouve vite un peu de tout : recherche de soi, indistinction des sexes, ambiguïtés, troubles. Etonnement d’un soi-même qu’on n’attendait pas, quête du bonheur par une liberté finalement assumée. Histoire d’amour, bien tordue, à la Ozon, défi aux clichés et aux interdits renaissants (Pauvre France et son opposition au mariage pour tous), il y a tout cela mais dans la dispersion qui finit par lasser un spectateur qui aurait aimé pouvoir s’intéresser davantage aux personnages , en aimer (ou pas) plus de profondeur. Un petit emprunt à Hitchcock et à Sueurs Froides, un zeste d’Almodovar et de Parle avec Elle, clins d’œil aux cinéphiles, qui s’en seraient bien passés. Sans références mais avec plus de personnalité, le film y aurait gagné : l’hommage rendu aux maîtres étouffe est parfois étouffant. Le film est sympathique, surtout grâce à ses acteurs, mais plutôt creux et plutôt insignifiant.