« Dear white people, le nombre d'amis noirs désormais requis pour ne pas être raciste vient de passer à deux. Et désolé, cela n’inclut pas Tyrone, votre dealer de cannabis » : voilà comment la rebelle Sam ouvre son émission provocatrice à la radio du campus. Lorsque l’association d’étudiants blancs rebaptise la fête annuelle d'Halloween en une fête « trouve ton nègre intérieur », les tensions sont fortes. Il va falloir choisir son camp ...
Un premier film réussi du jeune réalisateur Justin Simien. Tourné en 20 jours et financé par des fonds récoltés sur une plateforme participative. Récompensé par le Prix spécial du Jury au Festival Sundance. Il faut accueillir ce film pour son originalité, sa volonté de nous emmener loin des clichés sur le racisme aux Etats-Unis. Cette étrange histoire se passe sur le campus d’une université que l’on devine prestigieuse. Le temps de Selma est passé, et le combat de Martin Luther King a porté ses fruits. Le Président est noir et il est charismatique. Et pourtant, tout ne va pas pour le mieux, le racisme demeure, latent, prêt à surgir, fût-ce à l’occasion d’une fête d’Halloween. Mais l’originalité du film amène de curieux et troublants renversements des codes, et le réalisateur prend un malin plaisir à éviter tout manichéisme, brouille les pistes et nous offre d’abord le portrait d’une jeunesse pas très bien dans sa peau, hésitante sur la place à prendre dans la société que leurs parents prétendent apaisée. Ainsi Lionel qui trimbale une coupe afro-américaine plus black que black, et qui ne parvient pas à assumer son homosexualité, jusqu’à ce qu’un Blanc la lui révèle. Ainsi les étudiants blancs qui se donnent des airs de rappeurs noirs. Ou encore la ravissante Sam White, responsable d’une émission de radio très caustique à l’égard des Blancs (son émission porte le même titre que le film), qui cache sa relation très passionnelle avec un jeune homme dont vous avez deviné la couleur de la peau. On se parle, on s’engueule, on se bagarre sur le campus, on a plutôt l’impression que les choses pourraient finir pas s’arranger. Le film offre des scènes cocasses, l’humour empêche toute dramatisation excessive des événements qui se déroulent. Le comique verbal, très présent, est malheureusement fort édulcoré par la traduction, et certaines références culturelles du temps et du lieu nous échappent. Mais cela ne gâche pas le plaisir de découvrir une nouvelle heureuse surprise de ce cinéma indépendant américain si riche dans la modestie de ses moyens.