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L’ECONOMIE DU COUPLE (2016) - Cinemaniacs.be
Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c'est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c'est lui qui l'a entièrement rénovée. A présent, ils sont obligés d'y cohabiter, Boris n'ayant pas les moyens de se reloger. A l'heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu'il juge avoir apporté au couple.
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Le précédent film de Joachim Lafosse sur certaines dérives de l’humanitaire, Les Chevaliers Blancs, n’était pas abouti. Le voici revenu dans un univers où il est sans doute plus à l’aise, celui de la décomposition d’un couple. Marie (Bérénice Bejo) et Boris (Cédric Khan) se sont aimés, le temps a fait son œuvre de destruction, ils ne s’aiment plus ! Le sujet est banal, il a été maintes fois traité au cinéma, ne citons que le film magistral de l’Iranien Asghar Farhradi « Une Séparation ». Dans ce dernier, la déchirure du couple était exacerbée par le contexte religieux du pays et la difficulté pour la femme de faire valoir ses droits à l’égal de ceux de l’homme. Dans la société libérale où vivent Marie et Boris, la séparation devrait être plus simple, et pourtant il n’en est rien. C’est qu’ils n’ont pas le même statut financier. Marie réagit en bourgeoise aisée , qui n’entend pas lâcher ses droits de propriété sur la maison qu’ils occupent et que Boris, désargenté, a aménagé avec tout son savoir-faire….et l’argent de Marie et de sa mère. La certitude de l’une se heurte au sentiment d’humiliation de l’autre. Que du banal dans une société consumériste où l’amour aussi se consomme, laisse la place à l’insatisfaction, cherche à se renouveler dans des ailleurs qui risquent eux aussi de sombrer dans l’éphémère. L’histoire que nous raconte Lafosse est d’une profonde tristesse, c’est une parfaite anti-comédie romantique. Il nous la raconte avec une rigueur implacable, ajoutant les uns aux autres des plans-séquences qui montent au plus près le désarroi, la colère et sans doute aussi l’incompréhension et les accès de tendresse et, déjà, de nostalgie, d’un amour qui a sans doute intense et qui se termine, inexorablement. Lafosse a demandé à ses acteurs une large contribution au scénario et à la mise en scène. Ce qui leur a donné le loisir d’être profondément leur personnage et de mieux comprendre celui qu’il (elle) doit affronter. La grande réussite est dans ce huis-clos (on ne sort pas de la maison avec juste de brèves respirations dans le petit jardin) qui donne à ce désamour après 15 ans de vie commune toute cette tristesse que doivent subir les 2 petites jumelles que les parents essaient tant bien que mal de protéger de leur propre chagrin. Présenté à Cannes dans la sélection de la Quinzaine du Réalisateur, le film a été très bien accueilli par la critique et le public sensibles à la façon grave et dépourvue de pathos de traiter un sujet qui n’a pas fini de nous remuer parce que nous en sommes tous partie prenante : l’amour, le désamour, et la capacité de l’homme, et de la femme, de tout foutre en l’air.
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