DANS LES FORÊTS DE SIBERIE (2016)

Safy Nebbou adapte librement le roman de Sylvain Tesson paru en 2011 et qui connut un succès considérable. Librement au point de donner un rôle majeur à un personnage quasi inexistant dans le roman, Aleksei, au point même de reléguer parfois Teddy au second plan. C’est sans doute parce que le réalisateur n’a pas voulu(ou osé), à l’inverse du roman, concentrer son film sur la méditation de l’homme solitaire, le silence, son rapport intime avec une nature aussi belle qu’hostile. Pour la rendre plus accessible à un public plus large, il banalise cette aventure quasi métaphysique en une lutte pour la survie, enrichie d’une amitié entre 2 hommes qui a priori n’ont rien en commun. Certes le lac Baïkal est superbement filmé mais avec une photographie un peu trop « Exploration du Monde » ou « National Geographic », au choix ! Il y manque l’âpreté, la démesure qui rendrait l’affrontement entre l’homme et la nature plus violent, plus angoissant, plus beau aussi. Et ce n’est pas la musique envahissante d’Ibrahim Maalouf qui pourrait contribuer à ramener le spectateur vers ce silence que recherchait tant Sylvain Tesson. Pas sûr non plus que Raphaël Personnaz, si lisse et si élégant même au milieu des pires tempêtes, ait la rudesse (et le charisme) que l’on est peut attendre dans de telles circonstances. Rares sont les adaptations réussies de romans dès qu’ils ont une certaine complexité. Le film de Nebbou n’y échappe pas, sans être médiocre pour autant. Et s’il donnait au spectateur l’envie de lire le roman dont il est inspiré, on pourrait même parler d’une réussite !!