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AALA KAF IFRIT (2017) La belle et la meute - Cinemaniacs.be
AALA KAF IFRIT
La belle et la meute




Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?


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Le film de la réalisatrice tunisienne Kaouter Ben Hania est inspiré d’un récit autobiographique dont le titre était peut-être plus évocateur encore : « Coupable d’avoir été violée ». Si le sujet reste extrêmement délicat dans une société occidentale, il est encore plus lourd dans un pays du Maghreb où se greffent influences religieuses et traditions patriarcales. Rendons justice à une évolution dont le film ne rend pas suffisamment compte : dans le mouvement du printemps arabe qui, en Tunisie, n’est pas restée lettre morte, une campagne médiatique a permis à la victime d’être entendue et ses bourreaux ont été condamnés à 12 ans de prison. Ce qui n’a pas empêché les insultes et menaces de s’abattre sur la narratrice du roman qui se résigna à s’exiler en France. Les temps changent mais les résistances demeurent redoutables !!

Ce film, qui garde toute son actualité, tire sa force de son intensité dramatique, il est plus qu’une protestation militante. Divisé en 9 plans séquences, il se construit sur l’unité du temps puisque tout le drame va se jouer en une nuit, celle du viol et de l’impossibilité de Mariam de se faire entendre, ballottée entre hôpitaux qui ne peuvent pas la recevoir sans une déclaration de la police et les bureaux de cette même police qui cherche à la dissuader de porter plainte, avec l’arme de la torture morale. Ce qui donne lieu à des scènes à huis clos dans des bureaux glauques, construites sur des affrontements d’une théâtralité violente (la réalisatrice a délibérément choisi une majorité de comédiens issus du théâtre).

2 personnages sortent du lot et retiennent l’attention du spectateur : Youssef, qui va aider la jeune fille, jusqu’à ce que les policiers le mettent en cellule, et dont on se demande s’il ne se sert pas des souffrances de la jeune femme pour afficher son militantisme politique. Et Mariam, qui, elle, n’a rien d’une militante, elle est au début juste une étudiante qui a envie de faire la fête sans songer à transgresser les tabous qui limitent sa liberté. Le personnage évolue, ce qu’elle doit subir la rend plus forte et plus déterminée à défendre des droits que le chantage qu’elle subit voudrait étouffer. On aime cette force qu’elle se forge.

Un film venu de Tunisie, réalisé par une jeune femme, soutenu par le Ministère de la Culture. Sur un sujet qui garde malheureusement son universalité. Et qui possède une indéniable force dramatique. Espérons qu’il ne passe pas dans les salles comme une météorite.

Jean-Pierre Sculier

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2017
France Suède Tunisie Liban Norvège Qatar Suisse
Drame
1h35


Realisateur

Kaouther
Ben Hania



Khaled Walid
Barsaoui




Acteur

Mariam
Al Ferjani

(Mariam)


Ghanem
Zrelli

(Youssef)


Noomen
Hamda



Chedly
Arfaoui



Mourad
Gharsalli



Scenariste

Kaouther Ben Hania

Producteur

Habib Attia

Nadim Cheikhrouha

Compositeur

Amin Bouhafa

Date de Sortie

Belgique
10/01/2018
VOD
06/03/2018
France
18/10/2017

Distributeur

Cinéart

Distributeur dvd/Blu-Ray/VOD

Cinéart







2017

Compétition Officielle