DANS LA BRUME

Un film dans lequel le cinéma français s’aventure rarement : le fantastique, l’anticipation. Pas sûr que le film de Daniel Roby soit une réussite mais peut-être que le charisme de Romain Duris lui assurera un succès populaire. En tout cas, les amateurs du genre purs et durs risquent d’en être pour leurs frais : rien de bien spectaculaire, effets spéciaux sans grand relief, rien de tonitruant, même la musique vous a des accents doucereux bien faits pour accompagner des moments qui sont du pur mélo. Voilà donc un mélange insolite de drame privé et de catastrophe qui menace toute une ville de disparition. Sarah est une jeune adolescente atteinte d’une mystérieuse maladie génétique qui l’oblige à vivre 24 heures sur 24 dans une bulle qui l’isole complètement du monde extérieur : pas un câlin, seulement des paroles d’affection. On comprend très vite que Mathieu, le père, est prêt à tout pour qu’un jour, il puisse enfin tenir sa fille dans ses bras. Les tremblements de terre qui vont ébranler Paris, la brume qui envahit la ville, inexorablement, semant la mort à mesure qu’elle monte jusqu’aux derniers étages des immeubles les plus hauts, vont obliger le père et la mère à une course à travers la ville contre le temps mais aussi contre la barbarie qui s’empare des habitants engagés dans une lutte sans merci pour leur survie. Il faut pouvoir maintenir Sarah dans sa bulle, trouver l’oxygène qui se raréfie, ou l’appareillage adéquat pour espérer pouvoir l’en sortir. On saluera la performance physique de R. Duris, et d’Olga Kurylenko(une ancienne James Bond Girl tout de même). Mais on se demande sur quel tableau le réalisateur et ses scénaristes ont voulu jouer. Le film catastrophe ? Mais le décor est tellement étroit qu’il en devient presque abstrait, quelques toits, quelques rues, des appartements construits en studio, du spectaculaire par moments, mais un peu chichement. Comme s’ils n’avaient pas voulu étouffer la dimension intime du drame qui se joue. Mais alors, il aurait fallu des dialogues moins banals et un scénario plus riche : les séquences s’enchaînent presque mécaniquement, ce qui rend le drame beaucoup trop prévisible. Quant au dénouement, le spectateur peine à comprendre ce qu’il signifie, il n’est pas intrigant, ce qui serait une qualité, mais donne la regrettable impression d’être bâclé. Ce film n’a pas d’autre ambition que de divertir et d’émouvoir, prenons-le comme tel, et saluons une demi-réussite.