Girl est l’histoire de Lara, 15 ans. Elle rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.
Quelle merveille que ce film et que d’émotions il procure aux spectateurs ! On se bouscule un peu partout pour voir cette réalisation d’un jeune auteur belge, Lucas Dhont, qui réussit un chef d’œuvre pour son premier film. La douloureuse et lente métamorphose du corps de Victor qui ne rêve plus que d’être Lara s’exprime parfois dans des scènes crues mais jamais vulgaires. Aucune place pour les poncifs que ce sujet peut entraîner. Une grande pudeur qui vous prend à la gorge. Que la relation entre le père (il n’y a pas de mère) et sa (future) fille est belle ! Il n’a rien d’un intello, le père (il gagne sa vie comme chauffeur de taxi) mais sa réserve d’amour résiste à toutes les épreuves. Il aime, cela lui suffit. Le film n’a rien d’un manifeste, il ne s’alourdit pas d’une thèse, la souffrance de l’apprentissage de la danse classique est comme la condition de la métamorphose : Lara ne deviendra pas danseuse étoile mais elle réussira, au bout de la souffrance, sa métamorphose. Avec l’aide de la bienveillance de son milieu familial. Une famille de gens simples, où le français et le flamand se mêlent comme un autre symbole de leur tolérance. Mais ce film n’aurait pas cette intensité émotionnelle sans la présence sidérante du jeune Victor Polster. Il-elle parle peu mais toute la volonté, et la détresse aussi parfois, donne à chacun de ses regards une beauté qui vous chavire. Ce film a été projeté à Cannes dans la section « Un certain regard » dans l’émotion générale et le jeune acteur y remporta le Prix d’Interprétation. Il ne pouvait en être autrement : ce film représentera la Belgique dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger. Nul ne sait ce qu’il en adviendra dans cette course hasardeuse. De toute façon, GIRL est un miracle.